Une nuit

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09 / 10 / 2014
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Par cette belle nuit de printemps, tout est calme, tout est tranquille, tout le monde dort.

Pourtant on dirait bien que l’on entend quelque chose… Hum, hum, hum… Tendons l’oreille… Mais oui, en effet, on entend des bruits de voix et cela provient du clocher de l’église…

Qui ose parler de cette façon à une heure aussi incongrue ? Quel groupe d’hurluberlus a gravi les sept échelles vermoulues du clocher pour aller tenir une réunion tout là-haut ? Qui argumente et discutaille, sans se soucier de réveiller les honnêtes gens ?

Est-ce le bedeau ?

Oh non, pensez donc… Ça fait belle lurette qu’il dort, coiffé de son bonnet de nuit trop grand qui lui descend sur le nez.

Est-ce Iphigénie, la vieille grenouille de bénitier qui a parfois des insomnies ?

Oh non, pensez donc… Elle est bien au chaud dans son lit, avec une boule de coton dans chaque oreille pour éviter les courants d’air et elle ronfle consciencieusement comme un tracteur.

Est-ce Archibald, le timide fantôme du château qui ne sort que la nuit ?

Oh non, pensez donc… Ça fait plus d’un siècle que personne ne l’a aperçu.

Est-ce Cornebidouille, la sorcière que tout le village connaît ?

Oh non, pensez donc… Elle est en Écosse. Elle a été obligée de retourner à la Grande École des Sorcières pour reprendre des cours et repasser son diplôme car elle n’était plus assez méchante.

Mais, alors… Qui cela peut-il bien être ?…

Eh bien,… eh bien,… mais c’est tout simplement la grande aiguille de l’horloge qui demande à la petite aiguille :

« Où t’en vas-tu, si belle, à l’heure du silence ?

– Je m’en vais, mes amis, je prends mes valises et je pars. J’en ai assez de cette vie de routine et de servitude. Je vous laisse à vos quarts d’heure de retard, vos minutes d’avance et vos problèmes de balancier.

J’ai envie de me dégourdir les jambes, de prendre l’air, de voir de nouveaux horizons.

– Mais ce n’est pas possible, ma chère, c’est interdit. Une petite aiguille d’horloge n’a pas le droit de voyager.

– Mais si, mon cher. Apprends pour ta gouverne que les lois et les obligations sont faites spécialement et exclusivement pour les hommes. Elles ne nous concernent pas. Alors, si je souhaite découvrir le monde rien ne peut m’en empêcher… »

25 Février 2014 –Textes courts – Sylvie Antoniw –

2 Commentaires

  • Pezennec Denise

    Bravo Sylvie. Une fois de plus surprenante et pleine de fantaisie, Tu sais que tu as là un texte pour livre d’enfants avec une illustration rigolote? Bisous

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  • Jean-Michel

    Sylvie,
    Je pense que tu n’as pas le droit de nous priver de ton imaginaire si riche, alors au boulot, écris encore et encore, et pense à tous les cadeaux que tu nous fais en composant de si beaux contes.
    À quand un album?

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