Les aventures de Sylvie chez les Extraterrestres (6)

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10 / 12 / 2011
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Les demi-mois s’étaient écoulés au rythme des ateliers amputés en permanence d’un membre sans que personne ne puisse y faire grand-chose. Au début on feignait l’étonnement de ne pas voir Sylvie arriver sourire aux lèvres et s’installer à nos côtés à la grande table, puis la résignation se fit sentir à mesure que de moins en moins de questions se posaient sur son absence prolongée. Interrogés du regard, ceux qui étaient censés savoir le fin mot de l’histoire soulevaient les épaules d’ignorance et écarquillaient les yeux tout en faisant une moue dégoûtée et nous savions bien qu’aucune explication valable n’en viendrait . D’autres s’étaient démenés pour en savoir plus. La police s’était réfugiée derrière le sacro-saint droit du citoyen de circuler incognito tant qu’une plainte ne serait pas enregistrée. Un avis de recherche de personne disparue avait même été déposé sur un site internet, sans succès, bref toutes les tentatives de retrouver notre ouvrière en écriture avaient fait chou-blanc. Même Bruno notre Sherlock Holmes ès-lettres était chocolat, il était pourtant expert dans la recherche du secret des mots, et ce n’était pas un Didier élémentaire qui allait jouer les Docteur Watson.

Un malaise commença à s’installer lorsque notre mentor évoqua la possibilité de renforcer le groupe pour combler l’absence de celle qui avait présenté Electron 312. Après un long silence dont il n’était pas coutumier , Jean-Claude déclara avec une voix funèbre que le remplacement de Sylvie signerait son départ immédiat de l’atelier, en tout cas tant qu’on ne connaîtrait pas la raison de cette disparition. On n’emporte pas Sylvie à la semelle de ses souliers ! tonna-t-il soudain, parodiant la célèbre phrase de Danton. Cela eut pour effet de réveiller la terreur dans la salle. Betty se mit à pleurer, Laure tenta de la consoler mais avait les yeux rougis par le chagrin, Denise s’était arrêtée de dessiner et avait levé la tête avec pitié, Colette fixait Bruno d’un regard noir plein de ressentiment. Philippe et Jean-Michel tentaient en vain de faire fonctionner la solidarité masculine, après tout si leur camarade avait voulu s’éclipser ce n’était la faute à personne, ça ne valait pas une révolution. Marie-Claude qui avait arrêté de fumer depuis le début des événements avait fourré la main dans son sac, là où traînait le dernier paquet de cigarettes à moitié vide qu’elle avait gardé par défi et mourrait d’envie d’aller en griller une dans le jardin. Elle n’avait pas grossi d’un gramme mais ressentait une irritabilité inhabituelle devant les aléas de la vie. Excédée elle sortit en laissant le sac pour ne pas céder à la tentation. Lorsqu’elle revint quelques minutes plus tard elle était toute pâle et en pénétrant dans la pièce, tremblante et bafouillante, elle était accompagnée d’une drôle d’odeur et elle montrait du doigt quelque chose derrière elle dans le noir.07 décembre 2011 – Nouvelles – Didier laurens

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